Jules Lavirotte, l’audace d’un architecte de l’Art nouveau

Il est assez rare de pouvoir se plonger dans le travail d’agence d’un architecte qui participe pleinement aujourd’hui à la qualité du paysage urbain de Paris et sa région. Jules Lavirotte (1864-1929) fait tomber les préconçus : les façades des beaux quartiers, au passage du siècle (aux alentours de 1900), sont loin de constituer un vaste continuum de pierres de taille monotone, elles sont aussi animées par des inspirations stylistiques surprenantes qui trouvent dans les principes de Viollet-le-Duc et de William Morris beaucoup de sources d’inspiration : formes mouvementées, bestiaires symboliques, profusion de céramiques, utilisations graphiques du métal et jeux décoratifs des éléments architectoniques.
Précis historique et technique, cet ouvrage est écrit à deux mains, celle d’un descendant de la famille, Yves Lavirotte, précieux gardien des archives sauvegardées de son grand-oncle, et celle d’Olivier Barancy, architecte et spécialiste des immeubles anciens.
C’est avec une curiosité non déçue que l’on suit la trace de Jules Lavirotte, dans sa continuité temporelle et dans ses désirs architecturaux. Et c’est avant tout cet engouement pour maintenir la liaison des deux faces à priori antinomiques, création audacieuse et domesticité de la grande bourgeoisie, qu’a animé l’Art nouveau auquel se réfère pleinement l’oeuvre de Jules Lavirotte, laissant Hector Guimard moins seul.
M.G.